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Le non mélange des eaux, révélé dans certains versets du Coran est une véritable « révélation scientifique » qui n’aurait été démontrée que longtemps après.

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25-53 : Et c’est lui qui donne libre cours aux deux mers : l’une douce, rafraîchissante, l’autre salée, amère. Et il assigne entre les deux une zone intermédiaire et un barrage infranchissable.

35-12 : Les deux mers ne sont pas identiques : [l’eau de] celle-ci est potable, douce et agréable à boire, et celle-là est salée, amère. […].

55-19,20 : Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer ; il y a entre elles une barrière quelles ne dépassent pas…

Réponse courte

  • Le Coran ne fait que répéter une croyance basée sur de simples observations à l’œil nu, connues de tous et dont on parlait déjà il y a des milliers d’années, chez les Sumériens, les Babyloniens etc.
  • Les eaux finissent bien par se mélanger (sinon les mers seraient remplies d’eau douce) ce qui décrédibilise complètement le verset 25-53 qui mentionne un « barrage infranchissable ». La séparation due aux différences de salinité/température/densité et aux limons n’est que temporaire, mais produit une illusion qui a trompé les rédacteurs du Coran.

Réponse longue

Selon les concordistes, le non mélange des eaux décrit dans certains versets du Coran serait une véritable « révélation scientifique » qui n’aurait été démontrée que longtemps après.

25-53 : « Et c’est lui qui donne libre cours aux deux mers : l’une douce, rafraîchissante, l’autre salée, amère. Et il assigne entre les deux une zone intermédiaire et un barrage infranchissable. »

35-12 : « Les deux mers ne sont pas identiques : [l’eau de] celle-ci est potable, douce et agréable à boire, et celle-là est salée, amère. […]. »

55-19,20 : « Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer ; il y a entre elles une barrière quelles ne dépassent pas… »

Le Coran ne fait pourtant qu’observer un phénomène connu et loin d’être invisible, il est depuis toujours couramment observé à différents endroits de la planète.
Il est facile de noter que l’eau de pluie ne se mélange pas immédiatement avec l’eau de mer : elle flotte en surface. Ce phénomène est connu des pêcheurs en mer qui l’observent régulièrement depuis des millénaires.
En période de crue, les eaux limoneuses d’un fleuve mettent un certain temps (une certaine distance) à se mélanger avec l’eau de mer.
Là où le Nil rencontre la Méditerranée, les deux eaux coulent en parallèle sur une distance de quelques centaines de kilomètres.
On peut observer à Bassora (Irak) les eaux douces du Tigre se déverser dans le golfe Persique. A marée haute, on voit une masse d’eau salée verte côtoyant une masse d’eau douce rougeâtre sans qu’il n’y ait entre elles de mélange apparent.
Un exemple flagrant est la jonction entre l’Arve et le Rhône, à la sortie du lac Léman : le Rhône est rejoint par l’Arve, une rivière qui fera doubler le débit du Rhône. Ces deux eaux non mélangées (même si elles sont douces, ces eaux ont une composition très différente) sont visibles à l’œil nu sur des dizaines de kilomètres !

Voici comment, rien qu’avec un peu d’honnêteté et de bon sens, en se penchant depuis une fenêtre, on sais parfaitement à quel point le Coran ne révèle rien du tout. Il témoigne tout au plus d’un phénomène qu’un pêcheur connaissait parfaitement des siècles avant qu’il ne fût écrit !

Au pays de Sumer, à proximité de l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, l’opposition entre eau douce et eau de mer est bien banale, plus de 7000 ans avant le Coran.

« A l’origine il n’y avait que Nammu, la mer primitive, l’océan cosmique. Elle engendra An et Ki, le ciel et la terre […]. Enki, enfin, parce qu’il est le dieu des eaux douces qui s’opposent aux eaux salées de Nammu, la mer primordiale… »

Même chose chez les Babyloniens, plus de 3000 ans avant le Coran. Le mythe relate la lutte cosmique et l’opposition première entre les eaux salées de Tiamat, la mer primordiale, et les eaux douces d’Apsû. Leur conflit et leur séparation sont latents car l’eau primordiale porte en sonsein les germes d’une différenciation ; en elle, se retrouvent toutes les substances que le sel va contribuer à individualiser.
De leur mélange naîtront les premiers dieux. La déesse Tiamat façonna les premiers hommes à partir d’argile extraite des eaux d’Apsû.

Le pire est qu’au final, les eaux se mélangent bien. Les versets précisent bien qu’il y a une limite infranchissable entre les deux eaux, mais ça n’est qu’une illusion pour qui se fie aux apparences. C’est faux d’un point de vue scientifique puisqu’elles se mélangent progressivement.

Voici un extrait d’un excellent article de l’ENSEEIHT (Ecole Nationale Supérieure d’Electrotchnique, d’Electronique, d’Informatique, d’Hydraulique et des Télécommunications) :

Mélange lent – « Les estuaires à coin salé : c’est le cas lorsque le fleuve par son débit a plus de puissance que la marée : l’eau douce fluviale s’écoule au-dessus de l’intrusion saline. Entre l’eau salée et l’eau douce, un fort gradient de densité et de salinité caractérise l’halocline. Des échanges diffusifs se produisent à l’interface mais ne perturbent pas fondamentalement la stratification et le gradient de salinité reste suffisamment élevé pour donner naissance à des courants de densité. »

Mélange rapide – « Les estuaires bien mélangés : c’est le cas lorsque les courants de marée sont importants devant le débit fluvial. La salinité ne varie pratiquement pas avec la profondeur même si elle peut considérablement varier le long de l’estuaire, en fluctuant au rythme de la marée ou des variations du débit fluvial, et sur sa largeur. »

Petit à petit, les eaux finissent par se mélanger, dès les estuaires, par des échanges diffus, notamment au point nodal de l’intrusion marine, puis plus loin, en mer, où le taux de salinité s’harmonise. Dans le cas contraire, les mers et océans seraient pleins d’eau douce !

L’eau saumâtre est un bon exemple : c’est un mélange d’eau douce et d’eau salée qui contient une concentration en sel de 1g/L à 10g/L.
On retrouve ces eaux à l’embouchure des fleuves, dans les estuaires et les deltas. Par exemple dans l’estuaire du Saint-Laurent où l’eau provenant des grands lacs se mélange à l’eau salée du golfe.

Certaines variantes islamiques pour interpréter les versets existent :

  • La présence de sources d’eau douce en mer.
    Mais il est bien difficile de parler ici de deux mers ou de deux grandes masses d’eau. On peut rajouter qu’ici non plus il n’y a pas de « barrage infranchissable », ces sources se diluent totalement dans l’eau de mer, comme les fleuves.
  • Le non-mélange de la Méditerranée et de l’Atlantique.
    Mais les versets auraient alors parlé d’une eau moins salée que l’autre (l’Atlantique étant moins salé que la Méditerranée) et non de la confrontation entre eau salée et eau douce. De plus, il y a bien des mélanges entre ces deux masses d’eau.

Pas de révélation donc, pour trois bonnes raisons :

  1. Même quand les eaux restent temporairement séparées, ce n’est pas dû à une « barrière invisible », mais à des différences chimiques, de densités et de températures.
  2. Le Coran ne fait que répéter une croyance basée sur de simples observations à l’œil nu, connues de tous et dont on parlait déjà il y a des milliers d’années, chez les Sumériens, les Babyloniens etc.
  3. Le pire étant que les eaux finissent bien par se mélanger (sinon les mers seraient remplies d’eau douce) ce qui décrédibilise complètement le verset 25-53 qui mentionne un « barrage infranchissable ». La séparation due aux différences de salinité/température/densité et aux limons n’est que temporaire, mais produit une illusion qui a trompé les rédacteurs du Coran.

Aller plus loin...

Des mythes et des croyances. Esquisse d’une théorie générale.
Alain Testart - 1993