Affimation :

Le Coran nous dévoile des détails sur l’embryologie inconnus à l’époque de sa rédaction.

Réponse courte

  • Le Coran s’est borné à répéter les travaux de la médecine grecque d’alors, y compris ses erreurs
  • Les rédacteurs du Coran ont ignoré ou mal compris, nombre de détails bien plus crédibles et précis déjà découverts à l’époque.

Réponse longue

Selon les concordistes, le Coran nous dévoilerait des détails sur l’embryologie. Des détails inconnus à l’époque de la rédaction du Coran, une nouvelle « révélation miraculeuse », en somme. En effet, l’embryologie du Coran nous apprend qu’après le stade « goutte de sperme », vient celui d’alaqa (adhérence / caillot de sang / sangsue)... Puis, vient le stade de moudghah (substance mâchée / bouillie / embryon).

Examinons les faits :

Les détails du Coran sur l’embryologie sont en fait copiés sur les travaux de Claude Galien, né en 131, réputé pour être le plus grand médecin après Hippocrate.
Nous savons qu’au VIe siècle, Sergius a traduit Galien (environ 26 livres) du grec en syriaque. À la moitié de son règne, Chosroes a fondé l’école de Gundishapur, où les manuscrits de Galien étaient à disposition en grec et dans leurs traductions.
Mohammed rencontrait de nombreuses personnes instruites, comme Harith Ibn Kalada, l’un de ses compagnons selon la sunna, qui était diplômé de l’école de Gundishapur, où il apprit la médecine grecque, Galien, Hippocrate, Aristote… Et il est clair que les travaux de Galien ont été repris par les textes musulmans, avec les mêmes erreurs :
Dans la sunna, Mohammed déclare que la femme éjacule, que si elle éjacule avant son mari, l’enfant ressemblera à la mère, et que dans le cas contraire, il ressemblera à son père.

Hadith 469 (Sahih Muslim) :

« […] Eprouvant un peu de honte, je demandais au Prophète :
- Est-ce que la femme éjacule ?
- Oui, répliqua le Prophète, sinon grâce à quoi son enfant lui ressemblerait-il ? Le liquide émis par l’homme est épais et blanchâtre, tandis que celui de la femme est fluide et jaunâtre. La ressemblance (de l’enfant à l’un de ses parents) dépend de celui des deux liquides qui atteint l’utérus le premier. »

C’est la même erreur que Galien sur « le sperme femelle » :

« […] les membranes s’entremêlent l’une à l’autre ; celle-ci que le sperme femelle a produit dans son trajet habituel, avec celle qui entoure toute la semence ; Elle a cette utilité pour le fœtus et devient comme un aliment pour celle du mâle. Car le sperme femelle est plus léger et plus froid que lui, mais plus approprié que tout autre à la nutrition. »
De semine – livre 1

Galien a aussi écrit « La semence tire à elle par les vaisseaux qui se jettent dans l’utérus du sang et du pneuma… ». C’est ici la « sangsue » si maladroitement nommée par le Coran.

Voici une autre référence à une « adhérence » soi-disant révélée par le Coran avec bien plus de détails anatomiques, une vision scientifique et rationnelle :

« Le chorion adhère à l’utérus de la façon suivante : les vaisseaux de l’utérus qui se dirigent vers la cavité et par lesquels la femme est purifiée de ses règles, voient leurs abouchements s’ouvrir quand la femme va concevoir…
L’adhérence se fait de la manière suivante : le vaisseau qui naît dans le chorion débute à l’extrémité de celui qui se jette dans l’utérus : on dirait alors que les deux en forment un seul. »
De uteri dissectione – chap. 10

Selon le Coran, l’embryon passe par le stade « goutte de sperme » avant de devenir une « Alaqa » (sangsue / caillot de sang).
C’est faux, il faut un seul spermatozoïde (dont le Coran ignore l’existance) qui rencontre l’ovule (dont ne parle pas non plus le Coran). Et c’est de la cellule qui en résulte que va se former l’embryon.
Ce n’est pas une goutte de sperme qui, petit à petit, prend la forme d’un embryon, contrairement à ce qu’a cru Galien et qui fut repris par les rédacteurs du Coran.

23-14 : « Ensuite, Nous avons fait du sperme une adhérence; et de l'adhérence Nous avons créé un embryon; puis, de cet embryon Nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de chair. Ensuite, Nous l'avons transformé en une tout autre création... »

La chronologie décrite dans ce verset est fausse car lorsque l’ostéogenèse embryonnaire débute (formation des os à partir des cellules ostéoprogénitrices), beaucoup d’organes sont déjà formés : les membres, le foie embryonnaire, le cerveau, le cœur… L’embryon a un aspect humain. Encore une erreur de Galien répétée dans le Coran.

« Les trois ténèbres » : une autre similitude avec la médecine de Galien peut-être devinée dans ce verset :

39-6 : « […] Il vous crée dans les ventres de vos mères, création après création, dans trois ténèbres. Tel est Allah, votre Seigneur ! A lui appartient toute la Royauté. Point de divinité à part Lui. Comment pouvez-vous vous détourner [de son culte] ? »

En réalité, Galien, qui pratiquait la dissection, a découvert ces trois membranes reprises par le Coran, encore une fois bien mieux décrites :

« Le fœtus tout entier est de toute part enveloppé d’une membrane mince nommée amnios […]. Sur cette membrane est placée une autre membrane plus mince appelée allantoïde, qui s’ouvre dans la vessie du fœtus, cette membrane est recouverte circulairement par le chorion lequel tapisse intérieurement toute la matrice. »
De usu partium – livre 15

Ce sont les trois membranes, savante description maladroitement résumée par le mot obscur « ténèbres », témoin de l’ignorance des rédacteurs du Coran.

Voici un autre extrait de Galien sur les étapes du développement en embryologie, prouvant que le Coran l’a copié avec ses erreurs :

« La première période est celle dans laquelle, comme nous le voyons dans les avortements et les dissections, la forme du sperme a le dessus.
A ce stade, même Hippocrate le merveilleux n’appelle pas la forme de l’animal un fœtus, comme nous l’avons entendu dans le cas du sperme vidé au sixième jour, il l’appelle toujours du sperme.

Mais quand il a été empli de sang [l’alaqa du Coran], et que le cœur, le cerveau et le foie sont toujours inarticulés et informes, mais ont dès lors une certaine solidarité, c’est la deuxième période ; la substance du fœtus a la forme de la chair et plus la forme du sperme. En conséquence, vous verriez qu’Hippocrate n’appelle plus cette forme « sperme » mais, comme il a été dit, « fœtus ».

La troisième période suit lorsque, comme il a été dit, il est possible de voir les trois parties principales clairement comme une sorte de détour, une silhouette en quelque sorte, de toutes les autres parties. Vous verrez la conformation des trois parties principales plus clairement, celle des parties de l’estomac plus faiblement, et bien plus, celle des membres. Plus tard ils forment des « brindilles », comme le dit Hippocrate, indiquant par ce terme leur similarité avec des branches.

La quatrième et dernière période est au stade où toutes les parties des membres ont été différenciées et, à ce stade Hippocrate le merveilleux n’appelle plus le fœtus un embryon mais déjà un enfant […]. Le temps est venu pour la nature d’articuler les organes précisément et d’amener toutes les parties à la formation finale.
Ainsi elle fait croître la chair sur et autour des os, […]. Et sur toute leur longueur elle place autour d’eux de fines membranes appelées périostéales sur lesquelles elle fait croître la chair. »
De semine – livre 1 & De Foetuum formation

Pas de révélation miraculeuse donc, car le Coran s’est borné à répéter les travaux de la médecine grecque d’alors, y compris ses erreurs. Pire, les rédacteurs du Coran ont ignoré, voire mal compris, nombre de détails bien plus crédibles et précis déjà découverts à l’époque.

Références

Environ 26 livres de Galien ont été traduits en Syriaque par Sergius au VIe siècle.
Williams and Wilkins, 1927 - Introduction to the History of Science, vol I, pp. 423-424.

Il faisait partie des chrétiens Nestoriens qui ont traduit le corpus médical grec en Syriaque.
American Press, Beirut, 1946 - Outline of Arabic Contributions to Medicine, p. 24

Certains textes de Galien sont visibles ici
http://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/asclepiades/pdf/bonnet.pdf