[Comment j'ai quitté ma religion]
I - Eve The First

Publié le 11/09/2019 - mis à jour le 29/12/2019

Nous ouvrons, avec ce nouveau post, une toute nouvelle série de témoignages sur le thème "Comment j'ai quitté ma religion".

Nous avons donc le plaisir d'innaugurer cette nouvelle série avec Eve The First, compte twitter récent (inscrit le 1er janvier 2019) mais qui est déjà fort de près de 3000 abonnés, la qualité de ses interventions et ses threads, sur l'ancien testament entre autres, y étant très certainement pour beaucoup.


Bonjour, pour débuter cette interview, peux-tu nous expliquer comment tu es devenue catholique ?

Je viens d'une famille catholique, donc je suis devenue catholique automatiquement, sans qu'aucune alternative ne m'ait jamais été proposée. Baptême et communion étaient vus comme des passages normaux dans la vie.

Quelle était la place de la religion dans ta famille ?

Mes grands-parents étaient très croyants, mais j'ai la chance d'avoir eu des parents non pratiquants. En fait, ma mère était divorcée, et du fait de son second mariage, ils vivaient "dans le péché" et n'étaient plus vraiment les bienvenus à l'Eglise. Ils étaient croyants donc m'ont fait faire catéchisme etc., mais ils n'ont pas trop poussé davantage.

Avec le recul est ce que tu as l'impression d'avoir vraiment choisi ta religion ? 

Non, comme je l’ai dit plus tôt, je n'ai pas du tout choisi ma religion. Il y a près de 40 ans, dans la campagne française, il n'y avait pas vraiment d'autre alternative au catholicisme. De toute façon, la religion est taillée pour endoctriner les enfants : "si vous ne baptisez pas votre bébé, il ne sera pas lavé du péché originel et, s'il lui arrive quelque, chose il ira en enfer".

Bref non seulement je n'ai pas eu le choix, mais je n'avais même pas conscience des autres religions, et personne dans mon entourage pour envisager que Dieu n'existe pas.
Cela étant, je comprends que l'endoctrinement des enfants soit fait en toute bonne foi. Lorsque les gens sont convaincus d’une chose, ils veulent le meilleur pour leurs enfants.

Quel est ton premier doute sur la religion ?

La mort d'un de mes meilleurs amis, d'un cancer à 16 ans, malgré toutes mes prières. Ce fut le début du doute mais, paradoxalement, mes premiers réflexes ont été de renforcer ma foi. C’était trop difficile d'accepter que mon ami ne continuât pas d'exister dans une après-vie. Compliqué de devenir athée dans ce type de situation. A cette époque je suis beaucoup allée à la messe, tous les dimanches. En tant qu'habituée, j'étais même chargée de lire les textes. Mais le doute était là même si ça a mis des années à se développer et à atteindre ma raison.
Mon endoctrinement n'était pas spécialement fort, mais j'ai tout de même eu énormément de mal à m'en défaire. Quand, dès l'enfance, quelque chose est présenté comme une vérité, c'est extrêmement difficile de le remettre en question.

Est-ce que tu as essayé de lutter contre ce doute ?

Du coup non, je ne dirais pas que j'ai essayé de faire partir ce doute. Si j'allais davantage à la messe c'était pour garder l'espoir d'une après-vie, mais je n'ai jamais cessé de me poser des questions. Le "problème" est que je suis généralement très chanceuse. C'est donc d’autant plus facile de tomber dans un biais de confirmation du type "mon ange gardien me protège".
Si on prie avant un examen et qu'on tombe sur un sujet qu'on connait bien : paf !, c'est mon ange gardien qui m'a aidée. Et sinon ? Bah il devait avoir ses raisons, mais rien de catastrophique.

Te souviens-tu de ton dernier jour en tant que croyante ?

Pour le dernier jour en tant que croyante, c'est très bête, mais j'ai voulu mettre fin à des années d'interrogation en donnant un ultimatum à Dieu pour me prouver son existence. A l’époque, j'essayais d'avoir un enfant. Alors je lui ai dit : "Si ça marche du premier coup et que c'est une fille, je veux bien continuer à croire en toi".
Ça marché au second coup, et c'était un garçon. Du coup j'ai dit « merde, y'a absolument aucun signe d'existence de Dieu », et j'ai franchi la frontière.

Mon athéisme s'est ensuite renforcé au contact de la communauté sceptique/zététique. Puis c'est en relisant les textes sacrés avec un esprit critique, en étudiant l'histoire des religions, on finit par se rendre compte que rien ne va là-dedans.

Comment ton entourage a réagi à ta sortie de la religion ?

Mon entourage s'en fout. Je n’ai rien dit à mes grands-parents, à leur âge c’est inutile de leur expliquer ça. Mes parents, en tant que non-pratiquants vivant dans le péché, s'en fichent, et ma belle-famille est athée. Mes frères aussi sont athées, mais je ne connais pas leur cheminement. A priori ils n'ont pas trop creusé la question, ils n'y croient pas, c'est tout.

Propos reccueillis par Hérétique